- au fil des mots
Le Dernier Mort de Mitterrand de Raphaelle Bacqué

Thématiques: politique, enquête, témoignage,histoire
Description de l'éditeur
Le 7 avril 1994, François de Grossouvre est retrouvé mort dans son bureau, au cœur du Palais de l’Elysée, à deux pas de François Mitterrand dont il a été l’un des plus fidèles compagnons de route. Les murs capitonnés ont étouffé le bruit du 357 Magnum Manurhin que cet amateur d’armes, chasseur et responsable des chasses présidentielles, a retourné contre lui-même. Le bruit mais pas l’onde de choc qui va secouer le premier cercle des mitterrandiens. Un suicide ? Oui, mais on ne suicide pas au hasard quand on est conseiller et intime du Président. François de Grossouvre, aristocrate maurassien passé par la résistance, industriel tissant ses réseaux de Marrakech à l’Afrique noire, franc-maçon et membre des services spéciaux, n’était plus le séducteur élégant de tweed vêtu, le financier des campagnes électorales, mais un homme amer, un ami déçu, un Belphégor vieillissant errant dans les couloirs de l’Elysée ; un confident du pouvoir qui allait trahir les siens. Pourquoi et comment ce ministre de la vie privée de François Mitterrand, parrain de Mazarine, alors le secret le plus défendu de la République, a-t-il décidé d’en finir ? Pourquoi et comment va-t-il dénoncer aux journalistes et aux juges les malversations et les dérives d’une Mitterrandie crépusculaire? Voici le sujet de ce livre : le roman du pouvoir qui broie les hommes, le roman d’une amitié amoureuse, celle qui lia deux hommes au-dessus de la foule des courtisans.
Mon Opinion
Sous ce titre aguicheur se trouve une belle écriture. Je me délecte à lire Raphaelle Bacqué. Les phrases sont ciselées. L'auteur ne se contente pas d'une chronologie des évènement mais ouvre une fenêtre sur une autre époque, sur un milieu politique fait d'amitié d'influence et de traitrise.
Elle décrit avec talent la relation complexe entre Mitterrand et François de Grossouvre. Une relation presque amoureuse de la part de l'industriel.
Mitterrand semble l'avoir séduit. De Grossouvre cherchait quelque chose de plus que cette vie de riche industriel qui l'attendait à Lyon. il voulait de l'aventure et son amitié avec Mitterrand lui offrait ces possibles. mais la relation au départ égalitaire, petit à petit évolue. François Mitterrand élu président prend le pas sur le riche industriel. L'homme est en demande perpétuelle, il recherche les démonstrations de son affection, ses confidences. Il fait le taxi, protège le Président et ses amours. Parrain de Mazarine il protégera le secret de la double vie du Président, la facilitera. il veut être essentiel.
Lorsque Mitterrand arrivera à l'Elysée, il va lui confier de nombreuses missions de l'ombre. Grossouvre ne veut pas de titre officiel. il s'imagine éminence noir et Mitterrand l'indulge de certaines fonctions de renseignements. Il faut dire que l'homme a de très nombreux amis de Omar Bongo à la famille royale de Monaco. Franc maçon, de droite et ayant eu des velléités d'espion, c'est un homme utile. Cependant alors que le temps passe d'autres parviennent à se frayer une place dans le cœur du Président. Grossouvre est jaloux. Il déprime. Lorsque Mitterrand commence son deuxième mandat la rupture est proche cependant il ne parvient à s'éloigner. il veut l'attention de son François à tout pris et la recherche par des biais qui ne peuvent aider à une réconciliation: il discute avec la justice, avec les journaliste. il les lancent sur la piste non pas du président mais de son entourage, cet entourage qui est la cause de tout, de sa disgrâce!
mais alors qu'une ultime dispute intervient entre les deux hommes. Leur relation s'est effilée. Mitterrand ne rompt pas, il ne sait pas le faire et laisse Grossouvre à sa douleur. Une douleur si forte qu'elle le submergera et pour être souvenu dans ce palais de l’Élysée, il décidera de mettre fin à ses jours dans son bureau dans lequel il ne s'est pas rendu depuis plusieurs mois déjà. Mitterrand ne pourra pas faire comme s'il n'avait pas existé.
L'analyse psychologique est belle. La description de l'exercice du pouvoir est édifiante. les pages se tournent rapidement mais si j'ai ressenti comme un creux au deux tiers de l'ouvrage, j'étais lassé de ce jeux entre les protagoniste qui ne cessait de se répéter
Cependant chacun des chapitres était nécessaire. Ils expliquent les fonction tenues par cet homme de droite au sein d'un gouvernement de gauche et cette relation si intense avec celui qu'il souhaitait entièrement pour lui.
un autre regret: L'auteur n'entretient qu'une hypothèse sur la mort de François de Grossouve. Elle passe rapidement sur les écoutes. Était il sur écoute. avait il raison de dire qu'on le suivait? Elle est loin de répondre à toutes les questions.
Quelques réflexions éparses:
Les femmes et les politiques. Aujourd'hui serait il encore possible pour un président d'avoir une double vie. L'affaire Hollande semble bien signifier que non. A quoi serait du ce changement. As -t-on adopté la doctrine américaine que si on ne peut pas gérer sa famille comment pourrait gérer une nation? Est on trop friands de potins politiques ? ou tut simplement peut être que nous ne respectons tout simplement ces hommes politiques qui se sont transformés en gestionnaires et comptables sans vision.
Ce livre présente un monde auquel on n'a pas envie d'appartenir, un monde de courtisan dans une démocratie dépassée par les affaires et les scandales.
Ce que ce livre m'a appris:
Ce n'est certainement pas une nouvelle information mais ce livre est très éclairant sur les arcanes du pouvoirs. les manipulations nécessaires pour arriver au sommet et y demeurer.
Mitterrand a appris qu'il était atteint du cancer en fin d'année 1981. l'année même de son élection. Il l'a dit à ses plus proche avant de se rétracter et de dire que les médecins ont commis une erreur.
Quelques citations:
"le soir il n'est rare de le voir lire des traités de balistiques pour se délasser" (Grossouvre)
"vous êtes là pour me dire ce que vous pensez de ce que fait le gouvernement, pas pour agir à sa place. Ceci est d'ailleurs votre première et dernière réunion avec moi. chacun de vous est mon collaborateur direct."
"le directeur de cabinet André Rousselet en plaisante parfois: les rassemblements de plus de deux emprisonnes seront dispersés."
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